Aperçu historique

L’Algérie est le produit d’une colonisation progressive. La décomposition de l’empire Almohade1, qui avait unifié l’Afrique du Nord au XIème siècle, entraine le fractionnement du pays en royaumes rivaux. Au XVIème siècle, les Espagnols s’emparent des ports ; le roi d’Alger appelle à l’aide des corsaires musulmans, dont les frères Barberousse2, pour restaurer son pouvoir. En 1516, ces derniers l’évincent, instaurent une Régence (Barbaresques3) sous la protection virtuelle du sultan turc et s’allient à François Ier pour combattre Charles Quint.

Après une période de gouvernance prospère au XVIIIème siècle, le déclin de la Régence s’amorce.
En 1827, suite à un incident diplomatique entre le dey Hussein et le consul de France Deval4, ce dernier est rapatrié avec les ressortissants français en juillet 1827. Le roi de France, Charles X, cherchant à restaurer son image, envisage une expédition punitive destinée à obtenir réparation, détruire le repaire de corsaires et mettre fin à l’esclavage. Le 25 mai 1830, la flotte française appareille de Toulon et prend Alger ; le dey capitule le 5 juillet et se voit contraint à l’exil. La révolution de juillet 1830 contraint Charles X à l’exil, les députés libéraux à majorité monarchiste optant pour une monarchie constitutionnelle, la « monarchie de Juillet ». Le duc d’Orléans est alors proclamé « Roi des Français » et non pas « Roi de France » sous le nom de Louis-Philippe Ier, le drapeau tricolore remplaçant le drapeau blanc. 
Le nouveau souverain ne maintient que quelques troupes sur le littoral algérien, notamment dans les ports (Oran, Mostaganem, Bône, Alger) afin de sécuriser les échanges commerciaux ; Abd el-Kader5 qui s’est autoproclamé émir en Algérie occidentale grâce à l’aide de la France, se retourne contre elle obligeant l’armée à rétablir l’ordre. Défait par le général Bugeaud6, il doit signer en 1837 le traité de paix de la Tafna7 qui le laisse maître de l’arrière-pays d’Oran et d’Alger. L’émir dénonce le traité en 1839 et proclame la guerre sainte ; Bugeaud traque Abd el-Kader, s’emparant de toutes les zones où il se réfugie, jusqu’à sa reddition. 

Le 14 octobre 1839, les autorités françaises adoptent le nom d’Algérie comme appellation officielle du territoire correspondant. 
Si des politiciens français souhaitent un retrait d’Algérie, leurs opposants leur répondent que la France ne peut perdre cette guerre. Tocqueville déclare, en 1841, que l’abandon de l’Algérie par la France « serait aux yeux du monde l’annonce certaine de sa décadence ». 
L’ordonnance du 22 juillet 1834 instaure un gouvernement général chargé du commandement général et de la haute administration des possessions françaises dans le nord de l’Afrique. 

Les décrets Crémieux du 24 octobre 1870 réaffirment l’assimilation de l’Algérie à la France. 

Durant la Première Guerre mondiale, l’Algérie fournit un soutien matériel substantiel ainsi que des milliers de soldats soumis au service militaire obligatoire, le plus souvent affectés aux sections d’assaut (175 000 mobilisés sur le front dont 35 000 perdent la vie sur les différents champs de batailles européens). Ces tirailleurs, encensés pour leur bravoure, n’ont jamais eu droit à la citoyenneté pleine et entière.

La Seconde Guerre mondiale opère une certaine uniformisation entre la situation de l’Algérie et celle de la métropole :  la plupart des lois de Vichy concernant la fonction publique sont appliquées avec un certain délai en Algérie. Celle-ci est, comme toute l’Afrique du Nord, via le régime de Vichy, sous contrôle de l’Allemagne nazie qui mènent des opérations de séduction envers le monde musulman en diffusant des émissions de radio en langue arabe. Le 8 novembre 1942, l’offensive alliée connue sous le nom d’« Opération Torch » permet la reprise du Maroc et de l’Algérie. 

En mai 1945, pour fêter la victoire des Alliés, des défilés sont organisés, les nationalistes voulant profiter de l’événement pour rappeler leurs revendications. A Sétif, dans la confusion générale, un jeune militant est abattu provoquant une fusillade et la colère de la foule. Des exactions sont alors commises contre les Européens, s’ensuit une répression brutale menée par le général Duval. Le 1er novembre 1954, le Front de libération nationale (FLN), tout juste créé, commet pour la première fois une série d’attentats ; « la Toussaint rouge » est considérée comme le début de la guerre d’Algérie. 

Au cours d’un voyage en Algérie, François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur déclare « la présence française sera maintenue dans ce pays ». Peu après, une étape supplémentaire dans la guerre est franchie avec les massacres du constantinois des 20 et 21 août 1955. A la fin du protectorat français sur le Maroc et la Tunisie (1956), ces deux pays hébergent les deux armées de l’ALN. La bataille d’Alger (1957) fait la une de la presse nationale et internationale et le conflit est porté à l’ONU. La semaine des barricades, journées insurrectionnelles sous l’impulsion de Pierre Lagaillarde et Guy Forzy se déroule du 24 janvier au 1er février 1960. La même année, l’ONU annonce le droit à l’autodétermination du peuple algérien. 
En France, dans un contexte de violence croissante qui voit augmenter les attentats du FLN contre les forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur décide un couvre-feu envers les seuls Algériens. Le 17 octobre 1961, une manifestation organisée à Paris par le FLN visant à boycotter le couvre-feu est réprimée par la police. 
Le 21 avril 1962, des militaires français se rebellent contre l’autorité du général de Gaulle après son annonce de la tenue d’un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie (1er juillet 1962)

A la suite de la guerre d’Algérie (1954-1962), l’indépendance du pays est proclamée. 


La poste 

L’ordonnance du 21 août 1839 confie (en Algérie) au Trésorier-payeur de l’Armée les fonctions de directeur des postes, le service se limitant au transport des correspondances. 
Le décret du 7 février 1860, appliqué le 31 mai 1860, sépare le service des postes du service de la Trésorerie, pour le placer dans les attributions du ministère de l’Algérie et des colonies. Chaque chef-lieu de département est administré par un inspecteur assisté de sous-inspecteurs, commis et brigadiers-facteurs ; il est chargé de toutes les attributions relatives à l’organisation du service sous l’autorité du Directeur général de la poste de la métropole. Le personnel se compose de facteurs et d’agents détachés du cadre métropolitain et de distributeurs et facteurs recrutés sur place. Avant 1879, les établissements postaux (au nombre de 100) sont reliés entre eux par des courriers d’entreprise et des courriers indigènes. 

La loi du 16 août 1879, délègue le service postal entre la France et l’Algérie à la Compagnie Générale Transatlantique. 

En 1881, les postes et télégraphes algériens sont rattachés à l’administration de la métropole. 

Entre 1880 et 1898, le nombre de bureaux passe de 295 à plus de 500. 

La Caisse nationale d’épargne est mise en service le 1er avril 1884 en vertu du décret du 22 décembre 1883. Le nombre de livrets passe de 200 000 en 1910 à 500 000 en 1944.

En 1920, les recettes auxiliaires deviennent des agences postales : 171 en 1928, 265 en 1944.

Les chèques postaux sont créés par décret le 16 janvier 1921 : 10 000 en 1926, 40 000 en 1944. 

En ce qui concerne les colis postaux, ils sont confiés aux chemins de fer, comme en métropole.  

La fusion des services postaux et télégraphiques en Algérie a lieu en 1878, soit un an après celle effectuée en métropole.  


La télégraphie 

Le télégraphe arrive en Algérie en 1853.  
Fin 1854, trois lignes sont ouvertes, soit 249 km au total :  
– Oran/Mostaganem (76 km)
– Alger/Médéa (90 km)
– Constantine/Philippeville (83 km) 

En 1861, il existe 38 bureaux télégraphiques et 3 179 km de lignes exploitées avec des appareils Morse et Hughes. 
C’est également en 1861 qu’une communication télégraphique directe est établie entre la France et l’Algérie grâce au câble sous-marin installé entre Alger et Port-Vendres (abandonné en 1863). Un autre câble fonctionne de 1867 à 1869 entre La Calle (Algérie), Bizerte (Tunisie) et Marsala (Sicile).  
Les communications sous-marines avec la France ne sont réellement assurées de manière continue qu’à partir du 1eraoût 1870 avec le câble Bône-Marseille.  
Le 1er juillet 1871 le premier câble Marseille-Alger est livré et exploité par le système Hughes-Picard. Ils sont suivis de sept autres :  
– Marseille-Alger : 1879, 1880 et 1883 
– Marseille-Oran : 1892, 1932 et 1939  
– Marseille-Philippeville : 1905

Le développement du téléphone entraine une baisse du trafic des télégrammes du régime intérieur : de 1,175 million en 1932, on passe à 825 000 en 1935. Durant la Seconde Guerre mondiale le trafic s’intensifie à nouveau (3,2 millions en 1943). 


La téléphonie

L’arrêté ministériel du 23 novembre 1882 concède à la Société générale des téléphones, le service téléphonique pour les réseaux d’Alger et d’Oran jusqu’au 31 mars 1889, date à laquelle c’est l’administration des Postes et Télégraphes qui prend en charge l’exploitation du téléphone. 
Le réseau dessert tout d’abord les centres importants puis les agglomérations rurales. 


Nombre d'abonnés en Algérie

1889:81 abonnés
1900:732 abonnés
1914:7 438 abonnés
1937:32 000 abonnés
1943:46 000 abonnés

La bibliothèque conserve un certain nombre d’Annuaires officiels des abonnés au téléphone de l’Algérie : années 1890, 1892 à 1905, 1924, 1925, 1960 (Département de Batna, Bone, Constantine, Sétif, Oasis-Sahara), 1990. 
Elle conserve également une collection des Annuaires du commerce « Didot-Bottin » où l’Algérie est mentionnée avec plus ou moins de détails de 1822 à 1983.      (cote 7D 00089p)


La TSF

La première station côtière de TSF (radiotélégraphie) voit le jour dès 1907 à Fort-de-l’Eau (près d’Alger), affectée à la surveillance de navires en mer.  

Le premier émetteur à faible puissance est installé à Alger en 1922. Il diffuse essentiellement des programmes musicaux avant la création en 1923 de la première véritable station de radiodiffusion dénommée « Radio-Alger ». En 1937, la radiodiffusion algérienne calque son organisation sur celle de la métropole, rattachée aux PTT. 

En novembre 1942, suite au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, c’est l’Office Radio France (ordonnance du 23 février 1943) qui gère les installations et services de la radiodiffusion algérienne. 

En 1943, le gouvernement provisoire s’installant à Alger, de nombreuses liaisons radiotélégraphiques internationales sont alors ouvertes. 


Les PTT en Algérie

Si avant la Seconde Guerre mondiale les autorités françaises avaient entrepris de faciliter l’accès à la fonction publique des musulmans, durant la guerre, l’ouverture de l’administration n’est plus une priorité, en dépit de la volonté proclamée. Après la Libération, les conditions d’accès à la fonction publique sont bouleversées par l’attribution de la citoyenneté française à tous les Français musulmans d’Algérie. Dans les faits leur participation à l’administration est limitée. 

Les PTT en Algérie connaissent après-guerre une réorganisation.  

Dès les années 1946-1953, de nombreux rapports d’inspecteurs généraux signalent des problèmes de postes non comblés aux PTT en Algérie.  

Le décret du 16 mars 1950 précise les changements apportés :

  •  une direction centrale et des directions départementales sont créées ;
  • la direction centrale est confiée à un fonctionnaire des PTT ayant au moins le rang de directeur régional, d’ingénieur en chef régional ou d’administrateur de classe exceptionnelle tandis que les directions départementales sont dirigées par des directeurs départementaux des PTT ;
  • les emplois (autres que celui de directeur central) des services algériens des PTT correspondent à ceux de l’Administration métropolitaine ;
  • les fonctionnaires nommés ou mutés en Algérie sont mis à la disposition du Gouverneur général qui fixe leur résidence ainsi que les bureaux ou services auxquels ils doivent être affectés ;
  • les services algériens des PTT sont soumis aux vérifications de l’inspection générale des PTT de la métropole ;
  • un article du décret du 2 avril 1958 fixe la durée normale du séjour des fonctionnaires de catégories A et B affectés ou détachés en Algérie à trois ans. Cette durée est ramenée à deux ans par le décret du 31 mai 1961.

A la signature des accords d’Evian, l’Etat algérien s’est engagé à communiquer au gouvernement français, avant le 31 décembre 1962, la liste des agents français en service en Algérie au 1er juillet 1962 et aux fonctions desquels il entend mettre fin. Ils sont alors pris en charge par le gouvernement français. 


Bibliographie

separateur
  1. Almohades : révolte qui se structure en empire et se dote d’une dynastie d’origine berbère. Les Almohades gouvernent le Maghreb et Al-Andalus entre le milieu du XIIème et le XIIIème siècle. Ibn Toumert (v. 1080-1130) fondateur de l’Etat almohade organise un Etat qu’il adapte aux structures de la société berbère. Suite à la bataille de Las Navas de Tolosa (16 juillet 1212), les Almohades sont affaiblis et leur empire se morcelle. Les Mérinides prennent Fès (1244) et font payer tribut aux Almohades qui sont éliminés en 1269.  ↩︎
  2. Les frères Barberousse : fratrie de corsaires (fin XVème-début XVIème siècle) originaire de l’île de Lesbos, convertis à l’islam dont l’aîné, Aroudj, fonde la Régence d’Alger.  ↩︎
  3. Barbaresques : terme issu du mot « Barbare » – étranger parlant une langue incompréhensible – utilisé pour désigner les peuples berbères d’Afrique du Nord. L’activité barbaresque prend fin avec la conquête française d’Alger en 1830.  ↩︎
  4. Pierre Deval (1758-1829) : nommé vice-consul à Bagdad (27 août 1786), il se réfugie à Constantinople durant la période révolutionnaire. De retour en 1803, il est nommé le 12 septembre 1814 consul général à Alger. Le 30 avril 1827 le dey Hussein apprenant que l’établissement français La Calle (auj. El Kala) a été fortifié sans son consentement convoque Deval, exigeant le remboursement de la dette contractée en 1798 par la France (achat de blé pour la campagne d’Egypte) ; le consul rentre en France en juillet 1827.   ↩︎
  5. Abdelkader ibn Muhieddine (1808-1883) : émir, chef religieux et militaire algérien, savant musulman et soufi, qui a résisté jusqu’en 1842 à l’armée française en pratiquant une guérilla efficace. Son respect constant de ses opposants chrétiens suscite une admiration généralisée. ↩︎
  6. Thomas Robert Bugeaud, marquis de La Piconnerie, duc d’Isly (1784-1849) : engagé à 20 ans dans l’armée comme vélite dans les grenadiers à pied de la Garde impériale, il fait toutes les campagnes impériales. Il rejoint Louis XVIII à la Restauration mais rallie l’Empereur durant les Cent Jours. Licencié de l’armée à la Seconde Restauration, il se retire dans son domaine. Dans l’opposition jusqu’en 1831, il participe à la répression de l’insurrection des 13 et 14 avril 1834. Envoyé en Algérie pour réprimer la révolte d’Abd el Kader, il signe le traité de la Tafna. Rentré en France, il déconseille la conquête de l’Algérie et déplore une « possession onéreuse dont la nation serait bien aise d’être débarrassée » préconisant plutôt le maintien des territoires sous statut militaire pour éviter toute colonisation de peuplement. De retour en Algérie, il emploi des méthodes de guerre inspirées de son expérience dans la lutte contre les partisans pendant la guerre d’Espagne, pratiquant la politique de la terre brûlée. Commandant de l’armée en 1848, la garde nationale refuse d’obéir à ses ordres.  ↩︎
  7. Traité de la Tafna : traité signé le 30 mai 1837 entre l’émir Abdelkader et le général Bugeaud. Abdelkader reconnait la souveraineté impériale française en Algérie, la France lui cédant les deux tiers de l’Algérie et la tribu des Ben Zetoun (seule de la Mitidja à s’être alliée à la France). Ce traité est remis en cause en 1839 lorsque l’armée française, établissant une jonction terrestre entre Alger et Constantine, passe par le territoire de l’émir.  ↩︎


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